Violations perpétrées par la coalition dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen
L’année dernière, la coalition internationale qui soutenait le gouvernement du président Hadi a commis des violations graves du droit international humanitaire et du droit international relatif aux droits humains, en toute impunité. Le blocus aérien et maritime partiel qu’elle imposait a restreint davantage encore l’importation de nourriture et d’autres produits de première nécessité, ce qui a exacerbé la crise humanitaire due au conflit et empêché les vols commerciaux à destination de Sanaa. Les frappes aériennes de la coalition visant des régions contrôlées ou revendiquées par les Houthis et leurs alliés, tout particulièrement dans les gouvernorats de Sanaa, d’Hajjah, d’Hodeida et de Saada, ont fait des milliers de morts et de blessés parmi les civils. De nombreuses attaques visaient des cibles militaires, mais d’autres étaient disproportionnées ou aveugles, ou visaient directement des personnes et des biens civils, notamment des rassemblements pour des funérailles, des hôpitaux, des écoles, des marchés et des usines. Certaines attaques de la coalition ont visé des infrastructures stratégiques, comme des ponts, des installations de distribution d’eau et des tours de télécommunications. Le principal pont sur la route reliant Sanaa à Hodeida a été détruit en août. Certaines attaques de la coalition constituaient des crimes de guerre. En août, l’ONG humanitaire Médecins sans frontières (MSF) a déclaré qu’elle avait perdu « confiance dans la capacité de la coalition d’éviter des attaques meurtrières ». MSF a retiré son personnel de six hôpitaux dans le nord du Yémen après qu’un avion de la coalition eut bombardé pour la quatrième fois en un an une structure de soins qu’elle soutenait ; cette attaque a fait 19 morts et 24 blessés. Début décembre, l’Équipe conjointe d’évaluation des incidents (JIAT) créée par la coalition menée par l’Arabie saoudite pour enquêter sur les allégations de violations commises par ses forces a conclu que cette frappe était « une erreur involontaire ». La déclaration publique de la JIAT était en contradiction avec les résultats de l’enquête menée par MSF, selon lesquels il ne s’agissait pas d’une erreur mais de la conséquence des hostilités menées « dans le mépris total du statut protégé des hôpitaux et des structures civiles ». Selon les Nations unies, 26 civils, dont sept enfants, ont trouvé la mort et 24 autres ont été blessés le 21 septembre à la suite d’une frappe aérienne de la coalition sur un quartier d’habitation d’Hodeida. Le 8 octobre, plus de 100 personnes qui assistaient à des funérailles à Sanaa ont été tuées et au moins 500 autres blessées par une frappe aérienne de la coalition. Après avoir nié dans un premier temps être à l’origine de cette attaque, la coalition a reconnu sa responsabilité à la suite de la condamnation au niveau international de la frappe aérienne. Elle a affirmé que le bombardement avait été mené sur la base d’« informations erronées » et que les responsables seraient sanctionnés. Les forces de la coalition ont utilisé des munitions imprécises, dont de grosses bombes de fabrication américaine ou britannique ayant un grand rayon d’action et qui provoquent des pertes humaines et des destructions au-delà de leur point d’impact. L’année dernière encore, dans les gouvernorats de Saada et d’Hajjah, la coalition a utilisé des bombes à sous-munitions de fabrication américaine et britannique ; il s’agissait d’armes non discriminantes par nature dont l’utilisation était largement interdite au niveau international. Ces armes qui projettent de petites bombes sur une vaste zone représentent un risque permanent pour les civils car, le plus souvent, elles n’explosent pas au premier impact. En décembre, la coalition a admis que ses forces avaient utilisé en 2015 des bombes à sous-munitions de fabrication britannique, et déclaré qu’elle ne le referait plus.