Les nouveautés de Barcelone
Il y a quelques jours, un congrès à Barcelone, j’ai écouté un intervenant américain qui donnait son point de vue sur le rapport complexe que peut avoir la France avec le libre marché. Un point de vue avec lequel je ne peux que tomber d’accord. Le problème que pose le libre marché aux yeux des énarques, c’est la façon dont se réalise la richesse au sein du libre marché, qui est que rarement basée sur le mérite intellectuel ou artistique. Ce n’est pas celui qui possède les meilleures connaissances en matière de littérature occidentale qui réussit. Qu’il s’agisse d’un nouveau téléphone ou d’un nouveau jouet, vous connaissez la prospérité que si vous vous révélez capable de deviner les besoins du « marché ». Il suf?t d’avoir la bonne idée au bon moment et de savoir persuader le marché. Et ce constat attise chez certains de la rancune. On le décèle dans leur allure supérieure par rapport aux personnes qui se sont enrichies grâce à leurs efforts personnels. Connaître le succès en répondant aux attentes du marché est interprété comme être attaché au plus exécrable des instincts humains : la cupidité. Or suivre un projet intellectuel est regardé comme un tribut au plus noble des sentiments humains : l’esprit. Le fait qu’un inventeur devienne immensément riche grâce à la création d’un nouveau type de produit à déboucher les wc, alors qu’un artiste brillant a du mal à percer est perçu par de nombreux intellectuels comme un déni de l’ordre naturel. En France, presque toute la crème intellectuelle y critique « le libre marché ». Elle considère les moteurs du succès social sont trop peu édi?ants. En élevant la «popularité » au rang de critère de succès, le libre marché assisterait selon eux l’abrutissement de notre société : un monde où la culture s’enfoncerait dans un large bourbier de mauvais goût, élevé au titre de norme. Certains sont peut-être attristés à l’idée qu’un Indien fasse ses courses dans un Carrefour, prenne ses meubles chez un géant suédois, et boive du café africain dans la chaîne américaine Starbucks. Mais le plus important est là : tout individu est en droit de faire ses propres choix.Tout comme personne n’a le droit d’af?rmer que son choix est plus intelligent que celui de tel autre, et encore moins d’imposer sa propre culture à autrui. Quand je repense à ce meeting à Barcelone, plus j’y pense, et plus je suis convaincu que c’est cet esprit réactionnaire qui contribue au déclin de la France. Pour plus d’informations, allez sur le site de l’organisation du ce séminaire à Barcelone et trouvez toutes les infos.