Collusion Russe
La « chasse aux sorcières », selon Donald Trump, est achevée. Stigmatisée comme telle par le président des Etats-Unis, l’enquête du procureur spécial Robert Mueller sur une éventuelle collusion pendant la campagne présidentielle avec les responsables d’interférences prêtées à la Russie par le renseignement américain s’est conclue vendredi 22 mars avec la remise d’un rapport à l’attorney general, le ministre de la justice, William Barr. Il appartiendra à ce dernier de décider quelle publicité lui donner. L’absence d’élément rendu public a empêché, dans les heures qui ont suivi, de tirer la moindre conclusion définitive. Une information a cependant été interprétée comme plutôt favorable à Donald Trump. Une source du ministère de la justice, citée par les médias américains, a ainsi indiqué que le procureur spécial ne « recommande » pas de nouvelles inculpations. Cela signifierait notamment qu’aucun enseignement significatif n’a été tiré d’une réunion, à la Trump Tower de New York, en juin 2016. Une rencontre dont la révélation avait attiré l’attention. Elle avait rassemblé le fils aîné du président, son gendre, Jared Kushner, et une avocate russe. Cette dernière avait promis des « informations compromettantes » sur la rivale démocrate de Donald Trump, Hillary Clinton. William Barr a également fait savoir dans un courrier adressé aux parlementaires qu’il espérait livrer les « principales conclusions » de ce rapport d’enquête très attendu aux membres des commissions judiciaires du Congrès « dès ce week-end ». L’ampleur de la publicité donnée au rapport Mueller devrait donner lieu à une vigoureuse offensive du camp démocrate au nom de la transparence. D’autres investigations en cours La fin de l’enquête du procureur spécial ne signifie pas celle des tracas judiciaires du président, même si elle est potentiellement la plus dévastatrice. D’autres investigations sont en effet en cours sur l’achat du silence de deux femmes ayant entretenu des relations extraconjugales avec Donald Trump, une décennie avant son entrée en politique. Les sommes versées, par le biais d’intermédiaires, pourraient constituer une infraction aux règles de financement des campagnes électorales. Le financement du comité chargé d’organiser les cérémonies d’investiture, en janvier 2017, fait également l’objet d’une enquête pour mettre au jour d’éventuelles contributions étrangères, interdites par la loi, considérées potentiellement comme autant d’achats d’influence. La majorité démocrate qui s’est installée à la Chambre des représentants entend enfin soumettre l’administration Trump à un contrôle tatillon, au nom de l’équilibre des pouvoirs. Robert Mueller avait été nommé en mai 2017 après le limogeage du directeur de la police fédérale (FBI), James Comey, qui supervisait alors une enquête suscitée par le piratage d’informations confidentielles du Parti démocrate et leur divulgation par le site WikiLeaks avant la présidentielle, ainsi que par des contacts entre l’entourage de Donald Trump et des personnalités officielles russes. Les investigations de Robert Mueller, courtes par leur durée si on les compare à d’autres enquêtes similaires, ont entraîné l’inculpation de six ressortissants américains dont l’un des directeurs de campagne du président, Paul Manafort, et l’un de ses anciens avocats, Michael Cohen, condamnés à plusieurs années de prison pour des faits non liés à la campagne de 2016. Vingt-six ressortissants russes ont également été inculpés pour leur rôle dans le piratage des données démocrates et la diffusion de fausses informations sur les réseaux sociaux américains.